Dick et Ralph
revinrent à midi. Dick était au volant d’une camionnette Dodge flambant neuve. Ralph conduisait une dépanneuse rouge équipée d’une pelle mécanique à l’avant. Debout à l’arrière Tom faisait de grands gestes. Ils s’arrêtèrent devant la véranda et Dick descendit de sa camionnette.
– Il y a une C. B. du
tonnerre dans la dépanneuse dit-il à Nick. Quarante canaux. J’ai l’impression que Ralph est plutôt content.
Nick lui sourit. Les femmes s’étaient avancées pour admirer les deux camions. Du coin de l’œil Abigaël vit que Ralph s’était approché tout près de June pour lui montrer la radio. Elle en fut heureuse. Cette femme était une belle pouliche. Elle avait sûrement un beau petit nid douillet entre les cuisses. Et elle ferait autant de petits qu’elle en voudrait.
– Alors, quand est-ce qu’on part ? demanda Ralph.
– Dès qu’on aura mangé. Tu as essayé la radio ? écrivit Nick.
– Oui. Pendant tout le
trajet. Beaucoup de parasites. Il y a bien un squelch, mais j’ai l’impression qu’il ne fonctionne pas très bien. Tu sais, je jurerais que j’ai entendu quelque chose, malgré les parasites. Très loin. Peut-être que ce n’était pas des voix. Mais je vais te dire la vérité, Nicky. Je n’ai pas tellement aimé ça.
Comme ces rêves.
Un long silence tomba.
– Bon, dit finalement Olivia.
Je vais faire un peu de cuisine. J’espère que ça ne vous dérange pas de manger du porc deux jours de suite ?
Personne ne protesta. À une heure, le matériel de camping – plus le fauteuil à basculé et la guitare d’Abigaël – était chargé dans la camionnette et le petit convoi s’ébranla, la dépanneuse en tête pour déplacer avec sa pelle les obstacles éventuels. Ils prirent la route 30, en direction de l’ouest. Abigaël était assise à l’avant. Elle ne pleura pas. Sa canne était solidement plantée entre ses deux jambes. Fini de pleurer. Elle obéissait à la volonté de Dieu, que Sa volonté soit faite. Mais elle pensait à cet œil rouge qui s’ouvrait dans les profondeurs de la nuit. Et elle avait peur.